La quête infinie de l'autre rive évoque ceux qui, par goût de l'aventure, soif de connaissance ou nécessité économique, se lancent en pirogue sur l'Atlantique. Hier, ils étaient des milliers qui, sous la conduite d'Aboubakar II, alias Bata Manden Bori, mirent le cap sur l'Amérique ; aujourd'hui ils sont des dizaines de milliers, qui, dans l'espoir d'atteindre l'Europe, s'embarquent audacieusement sur l'océan. En filigrane, le texte s'interroge sur la possibilité d'une histoire autre, si les expéditions malinké avaient, avant Christophe Colomb, "découvert" l'Amérique.

La traduction allemande par Tim Trzaskalik  sera publié au printemps 2019.
Le poète Alexander Dickow a reçu une bourse PEN/Heim (2018) pour en compléter la traduction en anglais.

Ils rament désormais sans chanson ni ahan
Depuis combien de temps… savoir… combien de saisons…
depuis combien d’îles-mirages apportées par les vents
ramaient-ils repus de roulis et gavés d’embruns…
Mémoire brouillée de ce-que-c’est-que-d’avoir-les pieds-sur-terre et paupières en chamade
ils ne se soucient plus à présent que de la vague qui va se dérobe et revient
Paysans qui sur le tard s’étaient faits marins
ils cadencent leurs corps
pour fendre de la pointe gâtée de l’aviron
les mottes violettes de la grande savane salée
que nul sillon ne marque
où nulle semence ne lève
(Mais à dire la mer
peu siéraient les mots de la terre)

 

à propos de La quête infinie de l’autre rive. Épopée en trois chants:

“Le long poème La quête infinie de l’autre rive. Épopée en trois chants…doit être considéré non pas seulement comme un ‘récit neo-épique’ mais, à la lettre, comme une chanson de geste, au sens du français moderne aussi bien que de l’ancien français.” (Dominique Combe, Études de lettres)

“Ce livre représente une divine surprise…. Sylvie Kandé ouvre ici au troisième poème, qu’appelait de ses voeux Césaire, qui disait à qui voulait bien l’entendre ‘C’est Senghor qui me calmait !’” (Nimrod Africultures)

“… le lecteur qui embarque pour les côtes américaines ou européennes est emporté par le souffle de l’océan qui est ici l’autre personnage de ces chants, au nombre de trois. Bousculé par le ressac, il reste à bord, accroché au rythme impressionnant du récit, porté par les flots langagiers de Sylvie Kandé, inventifs et impétueux… Les trois chants en disent beaucoup sur la marche du monde, sur les rapports de domination et sur l’invention de nouvelles façons d’être à soi et aux autres.” (Mustapha Harzoune Hommes & Migrations)

“Ce récit poétique se pose comme un pur joyau esthétique en même temps qu’il soulève des problématiques éthiques et historiques en cours dans l’espace francophone et ailleurs.” (El Hadji Malick Ndiaye Nouvelles Études Francophones)

Si cest notre lot nous saurons bien un jour / sur quels rivages innommés l’océan à la vaste mémoire / sen va brisant ses lames. “Ainsi s’exprime Sylvie Kandé dans La quête infinie de lautre rive, qui pour moi est le chant absolu ou, plutôt, le poème absolu.” (Nimrod Mediapart)

“La richesse et la musicalité de [l]a langue de [La quête infinie de lautre rive] et la puissance d’une imagination où la mythologie se mêle à l’histoire en font un des temps forts de la fin de cette saison littéraire.” (Tirthankar Chanda RFI)

“Chez Kandé, l’épopée se nourrit d’épisodes que l’Histoire avait jusqu’alors laissés dans l’ombre, non pour les magnifier en tant que tels, mais pour doter l’aventure du présent de leur profondeur de sens.” (Catherine Mazauric La Migration prise aux mots)

“Grâce à une langue étincelante, Sylvie Kandé gagne son pari de tisser l’avenir incertain de ces êtres désemparés avec le destin grandiose de leurs lointains prédécesseurs propice à la naissance de mythes… La construction de cette néo-épopée au tragique irrémédiable est d’une très grande envergure.” (Muriel Steinmetz L’Humanité)

“Une épopée où l’on devine l’ombre tutélaire et bienveillante des plus grands poètes : à commencer par Homère chantant les périples et naufrages d’Ulysse. Saint-John Perse, bien sûr, avec ‘Amers’, l’ampleur de ses vers et la richesse de son vocabulaire maritime. Ou encore Édouard Glissant, avec les Indes, où le poème s’achève lorsque l’ ‘autre rive’ est en vue…” (Jacques Décréau La pierre et le sel)

“La prose de Sylvie Kandé est, telle que la définit Yvan Amar, une ‘poésie âpre, salée, douce parfois.’” (Perrine Dutreil Télérama)

“…l’écrivaine franco-sénégalaise Sylvie Kandé revisite l’histoire de ce grand aventurier que les générations actuelles — surtout les africains — gaganeraient à mieux connaître.” (Racine Demba Laadial Ma Tontou)

“On aura peut-être trop facilement et trop longtemps considéré que l’épopée renvoyant aux enfances d’un peuple ou d’une nation, à leurs origines, est incompatible avec les exigences de nos temps prétendument épuisés devenus incapables de célébrer la grandeur et le courage crus de l’homme. L’ouvrage de Sylvie Kandé ne manquera donc pas de surprendre : en trois chants il réintroduit au sein de notre langue et de notre temps la geste poétique de héros qu’une même volonté de dépassement, d’affirmation de soi, malgré les différences de conditions et de circonstances, conduit à se lancer dans la même périlleuse entreprise d’atteindre par delà les mers un monde différent.” (Georges Guillain Les Découvreurs Dossier Migrations)

“Entendez ce chant, cette sourde mélopée des impossibles rêves et des possibles engloutis ; une lecture salutaire pour se souvenir qu’écrire ne sert pas qu’à rassurer et à endormir les enfants gâtés.” (Vincent Engel La libre Belgique)

“Récit poétique,… La quête infinie de lautre rive — tout est dans cet infini — manifeste une qualité de langue et d’écriture simplement exceptionnelle” (Theo Ananissoh La Cause littéraire)

“Son écriture précise s’attache à l’essentiel sous sa forme la plus poétique.” (Gaston-Paul Effa Le Républicain lorrain)

“…cette épopée maritime de l’extrême contemporain met en résonance, d’une façon inédite, les pôles d’attraction tripartites de l’Atlantique noir: les trois continents… certes, mais aussi trois formes de traversées qui sont autant de tragédies — jadis, l’entreprise insensée d’un souverain rêveur de lointains ; aujourd’hui, l’aventure désespérée des quêteurs d’avenir ; et, entre les deux, les horreurs abyssales de la traite négrière…(Catherine Mazauric Mobilités d’Afrique en Europe)

“Sylvie Kandé nous entraine dans une épopée : celle de la volonté des hommes d'aller toujours plus loin et de découvrir le monde. Une quête toujours d’actualité.” (Emmanuel Goujon L’Afrique des idées)